Togo : l’hymne national au cœur de tous les débats.

13 mai 2016

Togo : l’hymne national au cœur de tous les débats.

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Togo : l’hymne national au cœur de tous les débats.
Un sujet fait polémique depuis quelques jours au Togo : L’hymne national togolais. Les politiciens, les religieux, quelques citoyens donnent leurs avis sur la proposition de Mgr Philippe Fanoko  KPODZRO, Archevêque de Lomé 1992 – 2007, de modifier une partie de notre hymne national. Quelle est alors la raison évoquée ?

« Terre de nos aïeux », c’est le titre de l’hymne togolais. Apparemment, cet hymne ne fait plus l’unanimité entre certaines personnalités religieuses, politiques et culturelles. Alors la question que l’on se pose est la suivante : Quel est le point de discorde ?
Ce vers de l’hymne :
« Vainquons ou mourrons, mais dans la dignité… »
Selon Mgr, pose problème. De par ses explications, Mgr. Philippe Fanoko  KPODZRO considère ce vers comme un appel à la mort. Ce vers jusqu’à présent chanté par tous les togolais, n’a jamais été mis en cause ; pourquoi ce rétropédalage maintenant ? Qu’est-ce qui est réellement mis en cause dans ce vers ? Rappelons que Mgr Philippe Fanoko  KPODZRO est un des artisans de la conférence nationale. Il est Archevêque de Lomé de 1992 à 2007.
Le mot « mourrons » selon Mgr est une invocation de « l’esprit de la mort » sur les togolais. Il propose donc qu’on change ce mot « mourrons » par « vivons ». Humm ! Sacré virement à 180°. Cette proposition en elle-même ne pose pas de problème. Les hommes d’église sont aussi des citoyens togolais comme les autres. Ils ont le droit de faire des propositions. Cependant deux choses posent problème. La première relève de l’authenticité de l’hymne national togolais, si jamais ce mot venait à être changé. La seconde, c’est la récupération politique de cette histoire.
Commençons par Agbéyomé Kodjo président du partie O.B.U.T. Selon une interview accordée à la chaine locale LCF, le débat mérite d’être lancé pour qu’ensemble on puisse trouver une solution à ce problème. Ensuite Eric Dupuy, responsable de communication du partie politique A.N.C répond sur R.F.I et L.C.F que ce vers doit être intact et inchangé. Selon ses dires, les togolais continuent de lutter contre »la dictature «, donc ils doivent se battre ; quitte à laisser leur vie pour se libérer du joug de la »dictature «. Loin des calculs politiciens, posons maintenant les questions pratiques.
Mais peut-on changer un hymne national au gré des humeurs ? Le Togo est-il le seul pays sur terre à avoir un hymne dans lequel on mentionne : la liberté au prix de la vie, c’est-à-dire l’esprit patriotique ?
D’abord, l’hymne national est composé dans un contexte spécifique, celui de la libération du joug colonial. C’est en quelque sorte un cri de guerre des ancêtres dans leur combat contre « l’envahisseur. » Je suis trop jeune pour le rappeler à mes aînés. Changer cet hymne aujourd’hui trahira l’esprit même de cet hymne et par la même occasion le combat des aïeux. Je pense que cet hymne doit être considéré comme une parabole et comme bouclier contre nos divers défis actuels, et non dans le sens littéral. Loin de donner une leçon à quelqu’un, je pense que l’esprit patriotique nous oblige à défendre notre dignité en tant que togolais à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur de la nation. Pour garder nos valeurs et convictions ; pour garder notre vision de départ, nous devons garder nos symboles et emblèmes dont l’hymne fait partie. Nous ne sommes pas d’ailleurs les seuls à avoir un tel hymne.
Ensuite, beaucoup de pays à l’image de la France ont un hymne faisant référence au combat et au sacrifice pour la nation. Considérons le refrain de la marseillaise :
Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons ! Marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons
Ces mots nous renvoient vers une idée de Thomas Sankara qui disait : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère ». La conquête de la liberté dans tous les pays était une affaire de combat et de libération mais aussi de perte en vies humaine. Dans la même perspective ces vers de la marseillaise disaient :
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats
Ils viennent jusque dans vos bras
Egorger vos fils et vos compagnes.
En somme, l’hymne togolais a été composé dans un contexte de bataille, de combat et de sacrifice. Gardons ses convictions et valeurs pour honorer la mémoire de nos aïeux.

L’hymne national togolais

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